Deus Ex Human Revolution - Director's Cut 2013

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Deus Ex Human Revolution - Director's Cut

Deus Ex HR Director's Cut - Baillements et tremblements

Deux ans après sa sortie, Deus Ex Human Revolution est de retour dans une version dite Director's Cut. Cool, c'est l'occasion de tester ce titre !

Parfois, la chance nous sourit. Riggs, le boss de la rédaction a enfin décidé de me faire plaisir en me refilant Deus Ex Human Revolution à tester. Ayant raté sa sortie en 2011 pour cause de tout un tas d'autres jeux à tester, je me faisais une joie de pouvoir enfin toucher à la bête. Et le résultat est pour le moins nuancé.

Se fâcher avec les flics est rarement une bonne idée...

Tout d'abord, Deus Ex est resté Deux Ex. De l'infiltration, de l'action et du hacking. Un principe sympa que j'aurais bien aimé voir décliner avec encore davantage de possibilités. Parce que si en 2000 on nous proposait déjà cette formule, je pensais que 10 ans plus tard on aurait fait un pas de géant et qu'on pourrait aussi s'essayer à faire appel à un ami, simuler la folie, piocher furieusement le sol à la recherche d'or ou que sais-je encore. Après tout, ça m'aurait bien plu de pouvoir recruter une bande de malfrats dans un coin sombre de la ville pour les amener à me dégager la route sur une base truffées de robots mortels... tandis que je sirote tranquillement un Perrier tranche.

Bien sûr, la licence a son gameplay inscrit dans le marbre et il ne faut jamais trop en demander sous peine d'être déçu. Alors, j'ai pris mon mal en patience et mon désir de grandeur a fini par la fenêtre. Et je m'en suis bien porté.

Rester derrière une caisse en bois alors qu'un dreadnought canarde, une bonne idée ? Vraiment ?

Donc Deus Ex Human Revolution est un jeu dans lequel on peut avancer via trois types de gameplay : l'infiltration, l'action et le hacking. Jamais plus. Mais souvent moins. En vérité, on passe le plus clair de son temps à dégommer tout ce qui bouge. Pourquoi ? Parce que c'est plus rapide et évident ! Et si vous me dites le contraire c'est qu'il y a un marché pour vendre un jeu de cache-cache (et je parie qu'il y en a un, non ?). Et la prochaine étape ce sera 1-2-3 Soleil ! Alors faites attention...

L'autre véritable problème de Deus Ex, mais qui pourtant est vu comme une force, c'est la liberté. On l'a vu, on peut résoudre les situations de diverses façons (trois, pour être précis). Tant mieux pour ceux qui aiment l'impression de liberté. Mais on est surtout libre dans ses choix moraux. Enfin, on pense l'être. Pareil, les limitations sont si grossières que ça en devient ridicule. Franchement, le héros vient de buter un commissariat au complet. Ce ne fut pas une partie de plaisir, mais il n'y a que les malfrats qui n'y sont pas armés... Enfin, bref. On a terminé la vie de tous les représentants de l'ordre. Et bien, que se passe-t-il ? Dès qu'on sort du commissariat on est accueilli par une salve de balles mortelles. Dès qu'on croise un flic, il veut nous faire la peau. Normal ? Bien sûr,c 'est normal. Mais alors il aurait mieux valu empêcher de buter tout le monde au départ. Parce que si c'est pour être bloqué deux heures plus tard dans le jeu, je préférerai que ce ne soit pas possible de le faire... Heureusement, on profite d'une anomalie : dès qu'on passe sur la mission suivante tout rentre dans l'ordre. Ouf.

Je m'infiltre, je t'infiltre !

Ainsi, la liberté pour la liberté donne des incohérences et transforme le jeu en un truc hybride qui empêche qu'il soit poussé à fond dans tous les aspects.
Mais bon, soyons honnêtes, ça fait du bien de savoir qu'on n'est pas toujours obligé de faire une mission exactement comme il faudrait la faire. On est assez libre pour que ce soit parfois jouissif, même si régulièrement on se heurte à des barrières invisibles (le mode infiltration ? C'est dommage de ne pas pouvoir éteindre les lumières, non ?).

C'est à la fois le sel et le poivre de Deus Ex Human Revolution. La liberté vaut-elle le coup d'être acquise ? Faut-il se battre pour elle ? Pouvoir faire ce que l'on veut dans un espace Bac à Sable façon GTA ne va-t-il pas plutôt inciter à faire le mal ?

Vous y réfléchirez, un peu de philo ne fera pas de mal. Et l'on comprendra que les mondes ouverts sont ceux qui aiguisent nos côtés les plus sombres. Pouvoir tout faire c'est avant tout céder à ses pulsions. Faire le mal. Dépouiller, tuer. Il faut que la loi soit stricte et rigide pour qu'un gamer préfère aller vers la lumière. Ou alors il faut beaucoup d'XP !

La morgue, toujours un bon endroit pour commencer une aventure...

Malgré tout cela, le coeur du jeu est le TPS, le tir à la troisième personne. Oui, on se cachera parfois, mais tout se prête à ne pas faire dans la dentelle. Parce qu'il faut bien user le bouton de couverture, non ? Il faut bien utiliser le système de visée quand même, non ?
C'est d'ailleurs insupportable : pour comprendre le fonctionnement du jeu on est contraint de visionner des vidéos de présentation. Oui, des vidéos. Par exemple, si tout excité par le fait de te frotter à ton premier ennemi tu décides de passer outre, tu le regrettes quelques minutes plus tard en te demandant comment les vils méchants font pour t'atteindre alors que tu es accroupi derrière une caisse.
Ne cherchez pas, j'ai la réponse : il faut impérativement être en mode couverture. Être derrière une caisse ne protège pas plus que ça si vous n'êtes pas en mode couverture. Logique ? C'est complètement délirant oui, c'est du grand n'importe quoi, une erreur infâme de gameplay.
Et pourtant, c'est à la fois incroyablement satisfaisant. Parce que dès qu'on est en mode couverture on est plus ou moins invincible. C'est tout l'un ou tout l'autre (si on fait attention à ne pas se faire prendre à revers).

Wolverine n'a qu'à bien se tenir !

Donc niveau combat, c'est conventionnel, sans trop de génie ,et pas vraiment très intéressant. On pourrait presque bailler tellement le cheminement se répète : on se balade, on entre dans une salle, on butte tout le monde, on dépouille, on se balade, on entre dans une salle, on butte tout le...

Je me plains, alors que l'on peut facilement changer la donne : on se balade, on se cache, on se balade, on se cache, etc.
Oui, enfin bon... si le concept était de nous donner de la liberté, alors les niveaux ne seraient pas conçus de cette façon. Là, on est dans la recherche de chemins alternatifs, pas dans celle de la liberté.

Quoiqu'il en soit, c'est finalement assez amusant, parce que le scénario s'incruste bien dans la rétine. On part dans une grande histoire de complot avec un fond de science-fiction, d'humains aux capacités augmentées. D'ailleurs, Jansen, le type qu'on incarne est un cyborg maintenant. Un peu comme l'homme qui valait trois milliards. De temps en temps on s'achète une petite augmentation, un peu comme si on était né superman mais qu'on ne débloquait notre potentiel qu'au fur et à mesure des années.

D'ailleurs, c'est assez bien d'être augmenté. Ça permet de faire des trucs improbables, de devenir fort, bien viser, être un excellent hacker, respirer mieux, etc. C'est de ne pas être augmenté qui serait une folie. Je vous le dis, mieux vaut être un robot...

On peut avoir un faux bras dernier cri et une coiffure de naze.

Quand on joue à Deus Ex, on a l'impression d'être dans un film interactif qui serait graphiquement assez limité, proposant des actions limitées, mais tout de même différentes, afin de proposer une histoire assez prenante dans un univers sombre et cyberpunk. Presque le pied. Si ce n'était toutes ses limitations, qui sont d'autant plus surprenant que Jansen, lui, est augmenté (ohohoho).

Tout ça pour dire que les plus blasés, comme moi, passeront un moment sympathique qui durera 3-4 heures, et puis qu'ils oublieront ensuite de rallumer le jeu. Tout l'inverse de Candy Crush finalement.

Les autres, ceux qui se contentent de peu, seront ravis et crieront au génie. Un peu comme moi quand j'ai rencontré Dishonored. Et puis un jour ils auront une révélation et se diront "Moi-même je sais". Et ils savent. Il faut être plus exigeant !
Autant en 2011 Deus Ex devait être une surprise plutôt bonne. Autant fin 2013 c'est presque du retrogaming. Si ça peut avoir du charme, la platine n'est pas encore assez présente. Mais ressortez un director's cut 2 dans 10 ans et on en dira du bien.

Une impression de déjà vu ? Normal.

En attendant, on se contente des ajouts du director's cut. Et il ne s'agit pas d'une modification substantielle du jeu. Non, il s'agit globalement de quelques boss modifiés (oh les pauvres joueurs n'étaient pas contents, ils devaient les tuer et ne pouvaient pas faire de hacking pour les abattre, il fallait bien changer ça...) et d'un commentaire audio. Quand je vous disais que ça ressemblait à un film... Foutre un commentaire audio pendant qu'on joue. Non mais sérieux, vous avez fumé la moquette ?

Est-ce que j'oublierai de parler de la possibilité d'utiliser un smartphone ou une tablette comme compagnon d'interface durant le jeu ? Non, parce que cette fonctionnalité qui sur le papier est très attrayante ne fonctionne en réalité pas du tout. Faites une recherche sur le net si vous pensez que je suis de mauvaise foi...

On comprend donc bien l'ambition de cette réédition "augmentée" : permettre aux fans du jeu original de s'y ré-adonner à nouveau avec une poignée de bonbons en plus comme cache misère.

Deus Ex Human Revolution - Director's Cut - Note XboxOrNot

44 /100
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  • L'histoire est intéressante
  • L'univers est sympa
  • Atout ? Tout, mais waf !

  • Faux sentiment de liberté
  • C'est répétitif (le comble pour un jeu qui se veut varié)
  • C'est assez moche
  • Notre barême en détail

Deus Ex Human Revolution - Director's Cut