Terre du Milieu : L'Ombre du Mordor Si vous voulez jouer tranquillou à Assassin's Creed ou à Batman sans avoir à attendre la sortie de leur nouvel épisode, vous avez toujours Talion et son Ombre du Mordor. Fun, jouissif et honnête, il propose un jeu qui saura procurer quelques émotions malgré quelques failles techniques.
Imaginez trente secondes que la série des Batman Arkham Bidule et que les Assassin’s Creed aient, dans une folle nuit d’ivresse, conçu un gosse ! C’est un peu l’idée de gameplay de L’Ombre du Mordor mais avoir un gameplay et une ambiance, c’est bien, avoir un bon background, c’est mieux. Le titre vous a mis la puce à l’oreille alors je vous l’annonce : avec l’univers de Tolkien dans la poche, on peut dire que le contrat est là aussi respecté ! Est-ce tout ? Les plus fainéant diraient oui mais pas de ça ici ! On va creuser la question.
Je suis un habitué des Comics alors sortir une aventure qui se déroulerait entre-deux histoires connues ou même dans des univers parallèles ou encore avec des pouvoirs inexplorés, c’est mon quotidien. Je prends donc l’histoire que l’on me présente comme elle vient : Talion est un ranger qui bosse près de la Porte Noire. En gros, il bosse près d’une bombe à retardement et celle-ci lui pète à la gueule lorsque la Main Noire qui bosse pour Sauron (le méga méchant du Seigneur des Anneaux) débarque avec une armée d’Orcs et tue tout ce qu’il bouge. En l’absence de Sauron (vu que l’aventure se situe avant le Seigneur des Anneaux), la Main Noire veut fayotter et pour cela, elle sacrifie rituellement votre famille. Lorsque votre tour vient, les choses dérapent et vous voilà banni du monde des vivants et des morts en pleine cohabitation avec l’esprit d’un roi Elfe amnésique. Pour vaincre la malédiction et les forces obscures, vous vous lancez en quête de vengeance. L’idée est simple et sympa. D’aucun dirait que votre expédition dans les terres désolées du Mordor est surréaliste mais qu’importe. Personne ne crache sur le boulot passé et on nous sert de l’action sauce Mordor. Sur le principe, le monde proposé est intéressant et dense, les soucis dans ce jeu sont autres.
Visuellement par exemple, ce n’est pas impressionnant. Manque de détails, environnements peu variés. Je sais qu’on est dans un monde en ruine mais on pourrait avoir plus de variété. Ça sent un peu trop la poussière et le sable au bout d’un moment. De même, humains et Orcs, même combat, on a quatre modèles physiques qui se battent en duel. De leur côté, les musiques sont sympathiques mais elles vont vite lassées car elles tombent parfois comme un cheveu sur la soupe. Heureusement, les bruitages sont de bonnes factures comme les discussions entre les groupes d’ennemis. La claque ne viendra pas de la technique.
Cependant, le gameplay vient frapper à la porte. On a du furtif et du parkour façon Assassin’s Creed qui a, comme son modèle, quelques soucis de direction par moment mais qui offre des moments d’escalade rigolo durant vos moments de glande. Talion a l’avantage de pouvoir se jeter du haut d’une tour sans réfléchir grâce à son statut de « non mort ». Côté combat, c’est vers Batman qu’il lorgne. Combo, coups de grâce, esquive et contre sont directement empruntés au chevalier noir. Si vous êtes déjà un habitué, vous pourrez donc vous faire plaisir d’entrée de jeu en massacrant gaiment des groupes de quinze. De Batman, il emprunte la mécanique de sa cacher en permanence car vous êtes en territoire ennemi. Heureusement, des hordes de fourrés peuplent le Mordor et vous permettent de trucider vos ennemis qui ne brillent pas par leur intelligence.
En effet, leur force vient de leur nombre et de leur envie de vous attaquer de dos. Le reste, ça passe tout seul. On peut se sentir assez puissant très vite surtout que des pouvoirs à débloquer sont légion et assez impressionnant. Cependant, mourir peut survenir plus vite que l’on peut le croire car votre barre de vie ne remonte pas sans arrêt comme dans beaucoup de jeu. Vous êtes immortel mais vous pouvez mordre la poussière. C’est à ce moment là, qu’on commence à apprécier le système Némésis. Dans le jeu, vous allez rencontrer de nombreux chefs, capitaines ou soldats Orcs. Chacun a ses doutes, ses faiblesses mais surtout au fil de vos massacres, certains vont profiter du chaos pour monter en grade en trucidant leurs pairs ou encore en vous tuant. Une nouvelle rencontre avec l’un de vos bourreaux peut ainsi être assez drôle. Certes, de nombreux adversaires ont la même tronche et parfois des noms trop similaires mais dans les faits, on se marre bien. Allez vous soumettre un chef pour bosser pour vous ou allez-vous tuer un capitaine renommé pour laisser ses sbires s’entretuer pour la place de calife ? L’option de bourriner les troupes est également possible. En situation drôle, tandis que j’affrontais mon Némésis, un nouveau type s’incruste dans la mêlée. Mon rival sent que ça part en couille (surtout avec l’arrivée des Caragors, les montures sauvages) et prend la fuite. Je le poursuis, le bute sans ménagement et dans le même temps le petit nouveau se fait bouffer par les bestioles.
Si le Mordor ne brille pas par sa diversité, il faut tout de même lui reconnaître un bon paquet de missions. Entre l’histoire, les quêtes, les chasses, les armes, les artefacts, etc. Vous avez de quoi faire. Cela passe bien car Talion ne se prend pas la tête. Il ne peut pas mourir alors il se jette n’importe où sans risquer la fracture. Sa monture escalade les rochers et pourrait même faire le café. Dézinguer des ennemis discrètement ou sauvagement se fait facilement et on peut passer ainsi quelques heures de glande sans stress, sans peur d’un point de sauvegarde trop loin ou d’un loot à portée de main loupée. C’est un peu comme si Talion savait que son jeu avait des failles mais qu’il s’était dit qu’il fallait quand même s’amuser. Ainsi l’Ombre du Mordor, sans être parfait, fait le boulot en proposant du plaisir de jeu et un contenu intéressant.
