Inconnu au bataillon, pixélisé à mort avec un gameplay incertain, Shadow of Loot Box avait tout pour plaire au grand amateur de daubes vidéoludiques que je suis. Avait, avait...
Si dans le principe l'idée de fond de Shadow of Loot Box est intéressante, dans la forme, c'est maladroitement fait et très facilement dispensable dans notre ludothèque. Mais ce n'est pas parce que le jeu n'est pas bon qu'il faut faire un test de 3 lignes.
Le jeu tente une auto critique du secteur du jeu vidéo en mettant l'accent sur des problèmes que l'on ne croise que trop souvent. Mais par principe, si ça nous casse les couilles par petite dose dans les autres jeux, est-ce qu'en faire un concentré assumé dans un seul jeu est viable à la base? Bref c'est une autre discussion...
Donc on se retrouve très vite confronté à des problèmes réels des jeux vidéo qui sont totalement abusés et pourtant totalement assimilés par les joueurs. Prenons par exemple les premiers niveaux de Shadow of Loot Box où on ne peut tout simplement rien faire mis à part avancer à 2 à l'heure. Il faudra récupérer de l'expérience en jeu symbolisée par des sphères jaunes pour débloquer des compétences aussi triviales que Courir, Sauter, Interagir avec les leviers, Ouvrir une porte, etc... C'est débile?
Bah oui mais c'est pourtant comme ça dans tous les jeux de rôle. Shadow of Loot Box passe donc par une caricature un peu lourdingue pour faire passer son message. C'est un peu comme votre pote bourré lors d'une soirée qui vient vous parler toutes les 20 minutes de cette nana qui vous plaît qui est assise à l'autre bout de la salle. Sauf qu'il parle tellement fort et qu'il est tellement insistant que la gêne est à son paroxysme.
De même, le jeu met le doigt sur des problèmes évidents qui devraient nous faire rire, nous enjouer ou nous amuser mais le fait d'une manière tellement peu inspirée au niveau du gameplay que la lassitude et la gêne post achat dans le store prennent vite le dessus sur l'humour.
Les petits clins d’œils moqueurs à l'industrie qui nous est chère sont nombreux. On retrouvera le farming de quêtes débiles, merveilleusement appelées les quêtes FedEx par les joueurs de MMO, le monster bashing, les loot box, gros sujet de ces deux dernières années encore dans l'actualité, les faux jeux gratuits avec faux avantages en monnaie du jeu, la boutique interne, etc, etc...
Mais le gameplay gâche tout. C'est bien beau de vouloir dénoncer les trucs chiants des jeux, mais il aurait fallu le faire de manière ludique et rigolote.
Ça me fait penser à cette fable de Lafontaine peu connue, le bûcheron et le castor.
Un jour un castor rencontra un bûcheron.
Il demanda à celui-ci pourquoi il avait des ampoules plein les mains et pourquoi il avait l'air de s'ennuyer.
Le bûcheron, stoïque, lui expliqua que couper du bois c'est chiant et que ça défonce les mains.
Le castor ne le cru pas car lui il kiffait grave ça de défoncer des troncs avec ses dents. Le bûcheron lui donna sa hache et commença à lui expliquer de manière pas ludique du tout en quoi c'était chiant.
"Tape fort le tronc avec la hache et ne met pas de gants" qu'il dit.
En effet, le castor eu plein d'ampoules sur ses petites mains et trouva ça chiant à mourir.
La moralité de cette histoire dit le bûcheron, c'est que si tu expliques un truc qui te casse les couilles exactement comme c'est, ça cassera les couilles des autres aussi. C'est pourquoi les castors ont la queue plate.
Je suis un peu déçu par Ratalaika Games sur ce coup là. Ils nous sortent régulièrement des purs jeux indie qui sentent bon la conception dans le garage comme on aime. Là on a l'impression qu'on nous sert un jeu à moitié fini.
Shadow of Loot Box c'est mon coup de pied au cul de l'automne.