Sonic Frontiers Va-t-on réussir à passer la frontière avec un bon Sonic en 3D ?
Sacré Sonic ! Il file à la vitesse du vent : un coup il disparait, un coup il réapparait ! Un coup, il est en 2D, un coup, c'est un remake, et un coup il est en 3D. Bref, c'est une licence forte, mais il faut être honnête, depuis plusieurs années, on a connu plus de jeux moyens ou de déceptions qu'autre chose. Avec la sortie du tout nouveau Sonic Frontiers, est-ce que notre hérisson bleu va finir l'année en beauté ?
L'histoire de Sonic Frontiers nous fait découvrir Starfall Islands. Sonic, Amy et Tails enquêtent sur les raisons pour lesquelles les Chaos Emeralds ont été attirées par ces cinq îles apparemment désertes. Bien entendu, cela va partir en sucette lorsque Amy et Tails sont aspirés dans une sorte de dimension parallèle appelée Cyberespace. Du coup, notre ami Sonic, qui a réussi à sauver ses petites fesses musclées, se retrouve seul sur ces îles. On va découvrir un jeu Sonic en monde ouvert qui mêle de l'exploration, des combats et des quêtes. D'ailleurs, on va vite s'en rendre compte avec une carte pleine de points d'intérêts, comme chez Ubisoft, et il faudra d'abord penser à dévoiler les zones de la map, comme chez Ubisoft. On va même escalader de grandes tours... Comme chez Ubisoft. Régulièrement, on va également traverser des niveaux dans le Cyberespace, qui ressemble plus à ce qu'on connait dans les différents Sonic 2D ou 3D : on va d'un point A à un point B, le plus vite possible. Enfin, bien entendu, car j'ai oublié de le dire, Robotnik est là pour casser les noix et dominer le monde !
Sur le papier, Sonic Frontiers donne envie. De la vitesse, un mix monde ouvert et niveaux à l'ancienne, et des combats plutôt intéressants à la manière d'un hack and slash, sans oublier des puzzles pour faire marcher un peu nos méninges. Le problème, c'est qu'on se demande si les développeurs n'ont pas eu les yeux plus gros que le ventre. Sonic Frontiers est une sorte de gros fourre-tout où pleins d'idées sont balancées, entre clins d'œil à des licences connus (Tetris dans un puzzle par exemple), le fameux open world pour faire moderne avec sa tonne de points d'intérêts ou de quêtes et une histoire digne d'un dessin animé Gulli. Et le tout, avec un moteur 3D déglingué : vous avez été choqué par le lancement de Cyberpunk 2077 ou le trailer de Halo Infinite avec l'apparition de Craig ? Et bien, attendez de jouer à Sonic Frontiers !
Déjà, la direction artistique sur Starfall Islands ne m'a pas enchanté. C'est terne, Sonic dénaturé complètement... Oui, ok, c'est expliqué, ce n'est pas sa dimension... Bullshit pour moi, c'est une pirouette scénaristique qui arrange tout le monde. C'est surtout qu'il fallait un style réaliste, sauf que Sonic a une tronche venant d'un dessin animé du matin sur TFOU. Mais en plus, c'est techniquement très faible avec en bonus des bugs et autres soucis. Par moment, on dirait un jeu Xbox 360... Qui propose un monde ouvert qui aurait été top il y a une grosse dizaine d'années. Bref, oui, Sonic va vite, on peut se balader partout, et je suis sûr que les fans doivent kiffer le délire. Mais pour moi, on fout un kangourou ou une tortue comme personnage principal, et Personnage Lambda Frontiers n'aurait pas fait autant parler de lui. Surtout quand on voit la finition : les éléments du décor apparaissent souvent juste devant nous. Pas seulement des décors au loin, ou des arbres, non... Des plateformes ou des rails qu'on doit utiliser pour avancer. Sur la troisième île, c'est parfois une vaste blague car on ne peut rien anticiper entre la vitesse de Sonic et la lenteur d'apparition des rails qu'on doit prendre en grind. Ne vous inquiétez pas, il y a du clipping aussi sur les ombres ou sur l'apparition des rings dans le décor, tranquille !
Au niveau des points qui fâchent, on peut également parler du côté vide de cet open world : il n'y a pas grand-chose qui vit à part une pauvre mouette par ci par là et quelques personnages à sauver. Pour égayer nos journées, il y a des herbes folles qui bougent. Qui dit jeu de plateforme en 3D, dit également caméra qui pose problème ? Vu que Sonic va vite, et bien, c'est doublement oui. Elle va souvent nous saouler. Heureusement, lorsqu'on joue dans les niveaux du Cyberespace, on est moins emmerdé. D'ailleurs, les décors du Cyberespace sont bien plus agréables que ceux de la map principale. Pourquoi ils ont foutu un open world ? Ce n'est pas forcément une bonne idée de vouloir copier les copains. Dans le Cyberespace, on se retrouve dans des niveaux beaucoup plus scriptés et là, oui, le plaisir de jeu revient.
D'ailleurs, c'est con, car le gameplay de Sonic Frontiers n'est pas dégueu. On prend plaisir à booster notre hérisson, les combats contre les grands ennemis sont plutôt bien faits, cela donne un côté épique à l'ensemble. Bon, après, il y a des effets cheaps qui nous rappellent que le jeu traine son moteur : il suffit de voir les explosions pour se dire que Crackdown 3 n'était pas si vilain à l'époque, tout en étant fun... Comme peut l'être Sonic Frontiers par moment. Par contre, dès qu'on se tape les cinématiques... Déjà, il n'y a rien qui est raccord. On dirige Sonic dans un monde réaliste, mais dans les cinématiques, on a l'impression de revenir dans un dessin animé plus classique au niveau de la direction artistique. De plus, les dialogues sont nazes et les doublages en français bidons. Franchement, à côté, Sonic le film avec Malik Bentalha, c'est du Molière. La palme revient au doubleur de Sonic qui a dû gagner un concours pour avoir sa voix dans le jeu. Tant qu'on parle de la bande son, les bruitages tiennent globalement la route, et la musique est très jolie et plutôt sympa à écouter, mais très souvent je l'ai trouvé décalé par rapport à ce qui se passe à l'écran. Finissons avec une note positive, en tout cas pour ceux qui auront kiffé l'expérience Sonic Frontiers: la durée de vie. On peut facilement dépasser la vingtaine d'heures sur Starfall Islands.
J'ai longuement hésité sur la notation finale de Sonic Frontiers. J'ai franchement eu envier de lui mettre une note dans la quarantaine pour sanctionner le côté "bâclé" du titre. Mais, Sonic Frontiers est sauvé par son gameplay qui reste plutôt grisant par moment et qui peut amener son lot de fun. Au final, je pense qu'il mérite la moyenne, mais il faudra faire abstraction de ses (très) nombreux défauts. Avec un petit cocktail sur une île paradisiaque, je pense que c'est jouable ! Bref, à trop vouloir en faire, Sonic Frontiers se perd dans ses ambitions.