Bienvenue à Ebisugaoka, charmante bourgade japonaise des années 60 où la brume n’est pas qu’un problème météorologique, mais une invitation directe au cauchemar. Dans SILENT HILL f, on incarne Hinako Shimizu, une jeune fille à la vie de famille compliquée (comme souvent dans les jeux d’horreur, faut croire que le trauma, c’est le carburant du scénario). Quand la brume envahit sa ville, tout bascule dans une horreur florale : des fleurs rouges carnivores, des créatures tordues et des visions qui feraient passer un épisode de Black Mirror pour une comédie romantique. L’ambiance ? Poisseuse, poétique, et follement dérangeante.

Dès les premières minutes, on retrouve ce parfum familier de Silent Hill : une histoire mystérieuse, un brouillard omniprésent, et cette sensation constante que quelque chose ne tourne pas rond (spoiler : c’est tout). La nouveauté ici, c’est cette esthétique japonaise assumée, inspirée du folklore local. On sent le mélange entre l’horreur psychologique et la tragédie visuelle. C’est du Silent Hill, mais avec des kimonos ensanglantés et des fleurs qui veulent votre mort.

Techniquement, Silent Hill f s’en sort avec les honneurs. Les graphismes sont magnifiques, les monstres sont dégueulasses comme il faut, et la direction artistique tutoie l’excellence. Mention spéciale aux animations des ennemis : ces poupées aux jambes tranchantes qui dansent avant de vous éventrer mériteraient presque un concours de danse contemporaine. Les décors, eux, oscillent entre beauté fanée et cauchemar organique, avec un brouillard toujours aussi malin dans sa gestion de la visibilité. C’est simple : on ne sait jamais si ce qu’on voit est réel, et c’est exactement ce qu’on veut d’un Silent Hill.

Côté sonore, c’est un régal pour les tympans… et un supplice pour les nerfs. Akira Yamaoka est de retour à la composition, et ses nappes sonores rendent chaque pas plus lourd, chaque souffle plus angoissant. Le doublage (anglais ou japonais) est très bon, et les cris, chuchotements et bruits de pas font frémir jusqu’au fond du canapé. On se surprend parfois à tourner la tête, persuadé qu’un truc bouge derrière nous, alors que non, c’est juste le mix audio impeccable.

Mais voilà, tout n’est pas rose (ni rouge sang). Le système de combat divise. Exit le malaise maladroit des anciens épisodes : ici, on lorgne clairement du côté du Souls like. Esquives, contres, gestion d’endurance… tout y est. Problème : la rigidité du gameplay, la caméra capricieuse et les arènes étroites rendent les affrontements parfois confus. On se bat souvent plus contre l’angle de vue que contre les monstres. Et quand une arme se brise pour la cinquième fois au milieu d’un combat, on repense à Breath of the Wild en se disant que ce système aurait mieux fait de rester dans la nature.

Les énigmes, elles, remontent le niveau. Classiques mais bien fichues, elles rappellent ce que la série fait de mieux : nous forcer à réfléchir tout en nous faisant suer de peur. Le jeu propose d’ailleurs plusieurs niveaux de difficulté, que ce soit pour les combats ou les puzzles, ce qui permet d’ajuster la dose de frustration à sa convenance. Certaines énigmes sont délicieusement retorses, avec cette touche tordue qui fait qu’on sourit nerveusement une fois la solution trouvée.

Comptez entre 12 et 15 heures pour boucler l’histoire principale, davantage si vous visez les secrets et les fins alternatives. Le rythme est bien géré, et même si le dernier acte tire un peu en longueur, la narration reste captivante de bout en bout. Et pour ceux qui aiment les bonus inutiles mais sympathiques, la Deluxe Edition offre un artbook digital, une bande originale et un costume de lapin rose… pourquoi pas.
En conclusion, SILENT HILL f est efficace dans la plupart des domaines. C’est un bon épisode, avec une ambiance forte, une technique solide et une histoire prenante. Dommage que la caméra rende parfois le jeu confus et que les combats versent un peu trop dans le Souls like (en tout cas, pour moi). Mais si vous aimez frissonner dans la brume avec un soupçon de pétales meurtriers, ce nouveau chapitre vous fera sûrement hurler de plaisir, ou juste hurler, tout court.