Faisons un retour dans le passé : nous sommes en 1991, la technologie CD est en plein essor. Les développeurs PC sont déjà conquis par le système. Fini les jeux avec 15 disquettes de 3”5, le jeu physique en CD-Rom révolutionnera le gaming, avec des titres comme Wing Commander III ou Phantasmagoria. Ce sera l’ère de ce qu’on a appelé le multimédia et l’interactivité.
Philips sort une console en 1991 afin que les foyers puissent bénéficier de ce qu’on peut appeler le “all in One”, bien avant le Don Mattrick Gate : films, jeux, tout le divertissement concentré en 1 appareil. Nintendo avait accordé, chose exceptionnelle, l’utilisation des licences Mario et Zelda. Et cela fut à leur sortie, et toujours à l’heure actuelle, une source de grande moquerie pour les gamers. Des jeux ratés, avec des graphismes dignes d’un mauvais cartoon ricain et une maniabilité à faire vomir un Jingoro en pleine période de gastro.
Dopply, en 2020, refait les Zelda CD-I via Game Maker pour en faire des jeux jouables et “presque” agréables. Il n’en faut pas plus à l’armée d’avocats de Big N pour sortir l’artillerie lourde et faire disparaitre ces jeux. Si vous cherchez bien sur Internet, vous devriez trouver ce travail de titan, il est souvent à droite en sortant de la grotte de Korganor.
Dopply maintenant aguerri à la réalisation de jeu, met son expérience en pratique en réalisant Arzette sous le nom de studio Seedy Eye Software. Notez le jeu de mot avec la console de Philips, un jeu de mot digne de notre rédac chef Riggs après quelques parties de FC 24.
Passé ce long préambule, que vaut Arzette ? Eh bien contrairement à mes à priori, le jeu est diablement efficace. C’est comme si, on avait confié à Quentin Dupieux (réalisateur de films tels que Steack, Rubber ou Le daim), la réalisation d’un plateformer saupoudré de RPG et de metroidvania. Bourré de références aux jeux de Nintendo sur CD-I, avec des cut scenes avec une esthétique franchement dégueulasse, on prend un plaisir coupable à arpenter les niveaux de Arzettte.
Des niveaux soignés, des personnages loufoques avec un Link moustachu, des quêtes à faire afin de faire et de refaire les niveaux dans le but d’en explorer tous les recoins. Une maniabilité sans faille et un aspect old school dans le gameplay qui ravira, sans nul doute, les vieux gamers dont je fais parti.
Tous les poncifs du jeu de plateforme Metroidvania sont là : le double saut, les coups d’épée chargées, les pouvoirs pour déverrouiller tel ou tel pan de niveau, mais c’est maîtriser et jamais lourd de retourner dans les niveaux.
À noter que l’éditeur Limited Run Games à poussé le vice jusqu’à proposer, dans une édition collector, une réplique de la manette CD-I rose bonbon en USB afin de revivre les sentiments de l’époque. Comme quoi, tout dans ce jeu transpire le mauvais goût. Si cet aspect hors du temps et des conventions ne vous rebute pas, vous devriez découvrir une pépite néo-rétro qui laisse entrevoir tout le talent d’un développeur, de ce qu’aurait pu être en 1991 des jeux aboutis sur la console de Philips. Vous laisserez vous tenter ?