Somerville – La nouvelle Guerre des mondes ?

Somerville est un titre qui était forcément attendu. Enfin, pour moi en tout cas. Pour la simple raison que j’adore les jeux de ce genre et que le premier titre qui a décroché un 90 dans nos colonnes, c’est Inside en 2016. Inside est un titre développé par le studio Playdead. En 2017, le co-créateur de Playdead, Dino Patti, est parti et a créé un nouveau studio : Jumpship. Somerville est la première création de ce nouveau studio et je vais vous spoiler : j’ai adoré y jouer !

Le calme avant la tempête

L’histoire de Somerville est très bien mise en place. Au début du jeu, on découvre une famille qui retourne en voiture à son domicile. La musique est jolie, la direction artistique se dévoile doucement, et puis on arrive enfin dans la maison. Tout le monde est endormi sur le canapé devant la télé avec le chien qui pionce aussi. Le bambin se réveille et on commence le jeu en mode découverte sans trop savoir où cela va nous emmener, même si on se doute qu’il se passe des choses louches dehors. Rapidement, on va prendre le contrôle du père de famille lorsqu’une catastrophe frappe le monde : une invasion extraterrestre. Ni une, ni deux, le couple prend son enfant sous son bras et ils vont tous se planquer dans le sous-sol, comme Mel Gibson dans Signes. Dehors c’est le chaos avec des explosions et des débris qui tombent du ciel. A cet instant, un vaisseau alien se crache dans la maison et déchire le plancher. On y retrouve un corps extraterrestre qui semble mal en point. A ce moment-là, notre personnage prend son courage et s’en approche, et il se retrouve projeter au sol, inanimé, après une sorte de vision. A notre réveil, on est seul, notre femme et notre enfant ont disparu.

Il va falloir éviter la lumière violette

L’intrigue nous met dans la situation de beaucoup de films catastrophes, où le « héros » est séparé de sa famille et part dans l’inconnu pour la retrouver… ou au moins pour trouver des réponses. Comme dans Inside, il n’y a aucun dialogue ou texte dans Somerville. Toute la narration se fait par l’image. Et c’est vraiment bien fait. La mise en scène est tout simplement excellente. Rien que l’introduction nous met dans le bain, on est happé par l’histoire et on n’a qu’une envie : en savoir plus ! J’avais une crainte avec Somerville : la 3D. En effet, la force de Inside, c’est son gameplay aux petits oignons, simple mais super précis où on ne peste jamais à cause d’une caméra mal fichue. Forcément, c’est un risque de proposer des déplacements plus libres dans des environnements en 3D. Somerville ressemble un peu à Little Nightmares sur ce point : on se déplace avec des caméras fixes sans être limité par un plan 2D. Globalement, malgré quelques petits couacs, je n’ai pas été énervé par la maniabilité. Parfois, j’ai croisé quelques bugs de collision et dans deux ou trois plans, cela manquait un peu de visibilité pour résoudre une énigme, mais rien de bien méchant : ouf !

L’homme et son chien

Je parle d’énigme car oui, en plus d’être un jeu d’aventure très narratif car scripté, il y a pas mal de moments de pures réflexions dans Somerville. En gros, sans trop spoiler, après la rencontre avec le corps de l’alien, on va récupérer un pouvoir sur un de nos bras. En effet, on va tout d’abord pouvoir transformer les structures aliens tombées sur Terre en matière liquide grâce à la lumière. En appuyant sur LT, on va activer une sorte de charge d’énergie qui permet de transformer les éclairages en aspirateur à déchets extraterrestres. Du coup, il faudra jouer avec la physique. Un passage est bloqué ? Il faudra utiliser une lumière pour liquéfier ce qui gêne. Plus tard, on débloquera une autre fonction qui permet justement de rendre solide la matière qu’on aura rendu liquide grâce au bouton RT. Cela permettra de jouer avec le level design : une plateforme inaccessible ? Faisons fondre une structure alien, pour faire monter l’eau puis la solidifier pour accéder à la plateforme désirée. C’est vraiment ingénieux. J’ai adoré tous ces moments de réflexion qui mettent un peu de calme entre deux séquences plus intenses où on doit par exemple jouer à cache-cache avec une lumière violette tueuse. Le reste du gameplay se limitant à utiliser la touche A pour déplacer des objets ou utiliser des interrupteurs. On ne va pas s’embrouiller dans les touches au moins.

Des plans bien travaillés

Somerville ne nous prend pas toujours par la main. Je n’ai pas trouvé les énigmes très compliquées, mais parfois, il faudra être observateur. Au début, les objets qu’on peut utiliser sont bien indiqués avec une sorte de poignée jaune, mais plus tard dans le jeu, comme il faut jouer avec la physique et nos pouvoirs, il va falloir comprendre par nous-même quoi faire. Mais c’est gratifiant et jamais vraiment frustrant. Au contraire, j’ai adoré découvrir chaque nouvelle scène du jeu ou énigme. Bien entendu, la direction artistique aide énormément et procure du plaisir dans la découverte des lieux. Somerville est un titre magnifique. Non pas par ses graphismes purs, qui n’ont rien à voir avec un jeu AAA au niveau des textures par exemple, mais par le soin apporté à la mise en scène, aux environnements proposés et aux plan de caméras souvent bien trouvés. Chaque nouvelle scène semble être un tableau peint à la main. C’est vraiment très joli, et les animations sont également de qualité d’ailleurs : petit coup de cœur pour celle du bébé au début du jeu. 

On va aller faire les soldes

En plus d’avoir une direction artistique superbe, Somerville se permet d’avoir une bande son de très bonne facture. La musique est excellente, que ce soit dans les moments touchants ou ceux plus angoissants. Et on n’est pas harcelé par la musique non plus, le silence sait également s’imposer pour que ce soit les bruitages environnants qui prennent le dessus pour donner vie aux scènes. Les bruitages électriques, des aliens, du vent, etc… c’est franchement de l’excellent travail. Encore une fois, je suis toujours impressionné par cette faculté de pouvoir donner autant de force narrative à une histoire sans une seule ligne de texte je le rappelle. Je ne veux pas spoiler, mais il faut savoir que le côté SF est grandement mis en avant au fil de l’aventure et qu’à la fin, je n’ai eu qu’une envie : faire un second run pour être sûr d’avoir bien tout compris. Le final risque de mettre quelques joueurs sur le carreau, mais moi, j’ai apprécié, car lorsque j’ai vu le générique de fin défilé, je me suis posé des tas de questions : la marque d’un grand jeu. Sachez qu’il faut compter environ 5 heures de jeu pour en arriver à bout. Ce qui est très correct pour un titre du genre. 

Petit footing matinal

Somerville est une pépite. J’ai tout de même longuement hésité pour sa note finale. Oui, Somerville risque de décevoir du monde par son final déroutant. Oui, les déplacements en 3D avec une caméra fixe peuvent entrainer quelques zones d’inconfort comparé à Inside et sa 2D parfaitement maitrisée. Mais à côté de cela, la mise en scène, la direction artistique, la bande son, la narration par le visuel, et enfin la qualité des énigmes en font un très grand jeu. Comme Inside à son époque, il mérite d’être en haut de la pile des jeux de la scène indépendante. Le genre de titre qui mérite d’être mis en avant, au même niveau que des AAA. La bonne nouvelle, c’est que Somerville est disponible directement dans le Xbox Game Pass. Du coup, on va en attendre parler. De mon côté, c’est mon coup de cœur de l’année, et un candidat pour le GOTY, rien que cela ! Bravo Jumpship !