Dans 30 Birds, on n’est pas là pour speedrunner, mais pour déambuler. Vous incarnez Zig, une jeune détective qui enquête dans la Cité Lanterne, un monde fait de lanternes géantes qu’on explore comme un Rubik’s Cube d’art persan. À chaque face, un quartier, un mystère, un oiseau loufoque. Pas de stress ici : on progresse tranquillement, sans blocage, avec des dialogues en pagaille, des mini-jeux légers et des énigmes jamais punitives. C’est un jeu narratif, certes, mais qui n’oublie pas de rester joueur.

La direction artistique est une véritable caresse pour la rétine : un mélange somptueux de 2D et 3D inspiré des miniatures persanes, qui donne vie à ce théâtre d’ombres bigarré. C’est beau, c’est original, et surtout, ça ne ressemble à rien d’autre dans le paysage vidéoludique actuel. Et cette idée de niveaux en forme de lanternes pivotantes, reliées entre elles par un petit train, c’est franchement bien trouvé. Un twist spatial malin qui modernise le genre du point and click à l’ancienne, avec vue de dessus en prime.
L’ambiance sonore n’est pas en reste : le mélange ska, dub et reggae fonctionne étonnamment bien. Les thèmes sont doux, planants, presque hypnotiques, et les bruitages viennent compléter ce tableau sonore sans jamais l’agresser. On se surprend à traîner dans un bar ou un coin de rue juste pour profiter un peu de la vibe. L’univers entier semble nous chuchoter « prends ton temps, tout va bien se passer ».
Le gameplay reste simple mais bien fichu. On explore, on parle à tout le monde, on joue aux cartes, on compose une chanson, on aide un piaf perché à retrouver ses potes… Le tout avec un humour discret mais bien senti. Les personnages, hauts en couleur, sont écrits avec justesse : entre Hoop, l’humoriste huppée qui vous accompagne, et les volatiles locaux tous plus barrés les uns que les autres, la galerie est aussi drôle que touchante. Mention spéciale au téléphone de Zig qui sert de carnet de contacts : une version ornithologique de votre répertoire, avec plus de plumes et moins de spams.
L’histoire, sans révolutionner quoi que ce soit, tient bien la route. Elle est ponctuée de moments tendres, de bonnes répliques, et offre un vrai dépaysement. Environ sept heures pour en faire le tour, ce qui est pile le bon format pour ce type d’expérience : pas trop long, pas trop court, juste ce qu’il faut pour ne pas s’envoler dans la répétition.
Au final, 30 Birds est un jeu narratif perché sur quatre faces, saupoudré de reggae mystique et de poésie persane. Laissez-vous porter, ici, c’est le chill narratif version lanterne magique. Un titre qui mise tout sur sa personnalité : et ça marche. Une aventure qui fait du bien, comme une volée de moineaux dans un ciel de papier doré.