Test de American Arcadia – The Truman Show Simulator ?

Bienvenue à Arcadia, la ville où les néons seventies clignotent plus fort que votre réveil : Trevor Hills, gratte-papier modèle, découvre que sa vie paisible est filmée depuis sa naissance dans la téléréalité la plus binge-watchée du globe. Entre la disparition du pote Gus et l’apparition providentielle d’Angela, hackeuse au grand cœur et au câble HDMI affûté, notre antihéros réalise qu’il est coté en Bourse… de popularité : si l’audience le zappe, c’est la chaise électrique. Coupé/Action : commence alors une cavale réglée comme un prime-time, où seul le duo Trevor-Angela peut débrancher la matrice façon Truman Show sous stéroïdes.

Bienvenue à Arcadia

Premier twist : le scénario, inspiré jusqu’à la moelle par Jim Carrey mais jamais dupliqué au carbone, déroule un faux tapis rouge bourré de pièges. Les révélations pleuvent plus dru qu’un popcorn renversé ; on ne sait plus si l’on doit croire l’écran ou le hors-champ. L’histoire est vraiment bien écrite et on prend plaisir à suivre ces aventures un peu folles et très rythmées, mais il est vrai que j’aurais aimé que les développeurs proposent une fin alternative comme dans leur précédent titre, Call of the Sea. Cela aurait été cool d’avoir une version alternative, rien que pour la rejouabilité. D’ailleurs, tant que j’y suis, il faut compter environ 7 heures pour terminer les 7 chapitres du jeu.

Les séquences « puzzle » en mode FPS

Côté casting vocal, c’est standing ovation. Yuri Lowenthal et Krizia Bajos jouent la bromance virtuelle avec une sincérité qui ferait pleurer un publiciste, tandis que Cissy Jones incarne la grande méchante Vivian Walton avec le charisme d’une PDG ayant avalé un nuage d’acier. Même un simple « ping » d’ascenseur sonne épique quand ces trois-là ouvrent la bouche – de quoi coller un rating 5 étoiles au doublage. Alors ok, c’est en anglais, on aurait aimé une full VF, mais c’est du vrai bon boulot. Et pour le coup, la traduction française est de très bonne qualité.

Un petit côté Inside par moment

La mise en scène, elle, vise l’efficacité : écran splitté façon régie, transitions express et un rythme qui carbure au café filtre. Franchement, il y a de très bonnes idées qui nous sont proposées. Par exemple, par moment, il faudra contrôler les deux personnages en même temps, en allant même jusqu’à proposer les actions de Trevor à faire sur l’écran de PC de Angela tout en contrôlant cette dernière qui doit gérer des actions dans son bureau. 

Heureusement, niveau gameplay, c’est du tout bon. American Arcadia alterne 2.5D pour les jambes de Trevor (plateformes, infiltration, courses-poursuites qui testent autant vos nerfs que vos réflexes) et la vue subjectif en mode « walking simulator/réflexion » pour le cerveau d’Angela. Le level design reste assez linéaire certes, mais c’est bien huilé, on enchaine les séquences sans jamais zapper. 

La fuite, encore et toujours

Enfin, il faut saluer la direction artistique et la réalisation globale de American Arcadia. L’univers de Arcadia pue délicieusement le rétrofuturisme seventies. La vitrine marketing à l’aéroport vaut un ticket d’entrée : goodies, pubs, visites guidées… un Disneyland cynique qui pique là où ça fait réfléchir. Les personnages ont un petit côté low poly pas dégueu et les décors sont plutôt bien travaillés. Le mix des deux styles de gameplay (2D/FPS) fonctionne, aucun des deux n’est raté techniquement, c’est vraiment solide et ça fait plaisir à voir. J’ai seulement eu quelques bugs de sous-titres absents par moment mais c’était avant la sortie du jeu donc on peut espérer un correctif rapide. 

Soyons discret

Avec son scénario haletant du premier au dernier plan, son univers dystopique aussi glaçant qu’addictif, son gameplay maîtrisé au cordeau et son level design fluide comme un plan-séquence bien monté, American Arcadia coche toutes les cases du bon jeu d’aventure narratif. On tient ici une pépite indé comme je les aime : intelligente, immersive, et surtout, diablement plaisante à jouer. Coup de cœur!