Eternal Evil, c’est un peu comme un vieux film d’horreur qu’on regarderait un soir d’orage : on sait que ça ne va pas révolutionner le genre, mais on a envie d’y croire. On nous indique dès le lancement du jeu que c’est développé par une seule personne (ce qui mérite d’être salué), Eternal Evil ambitionne de marcher dans les pas ensanglantés des premiers Resident Evil à la sauce FPS old-school : énigmes à l’ancienne, couloirs sombres et monstres difformes sont au programme, le tout saupoudré d’un soupçon de bande dessinée interactive pour la narration. Sur le papier, ça fait frissonner. En jeu ? Disons que c’est plus du genre migraine que montée d’adrénaline.

Dès le lancement, on sent la passion du créateur. On choisit son personnage, chacun avec son propre point de départ, et on est propulsé dans une ville aux allures post-apocalyptiques, infestée de monstres qui semblent hésiter entre zombie et vampire. Le tout est présenté avec des illustrations fixes dans un style BD un peu fauché, mais honnêtement, ça a plus de gueule qu’un bête texte déroulant. Malheureusement, ce petit effort artistique est rapidement rattrapé par un univers visuel… comment dire… low-cost.
Graphiquement, Eternal Evil est un trompe-l’œil. De loin, ça peut sembler acceptable, limite beau même. De près, c’est une autre histoire : animations raides, textures assez basiques, et créatures qui donnent plus envie de rire que de fuir. Mention spéciale au zombie (enfin plutôt vampire d’ailleurs, on s’en rend compte au fil du jeu) culturiste qui déchire sa chemise avant de vous sauter dessus façon Jean-Claude Van Damme des bacs à sable. Et on n’oubliera pas ce scorpion géant, plus grand que les couloirs qu’il traverse sans broncher. Niveau immersion, on a vu mieux. Niveau crédibilité, on a vu beaucoup mieux. Alors, les effets de lumière permettent de cacher la misère et de rendre certains passages plus jolies, mais parfois, cela bugue, les textures clignotent et la technique en prend un sacré coup.
Et puis il y a le framerate. Un véritable ascenseur émotionnel. À chaque escalier, c’est comme si le jeu faisait une pause pour souffler. Les chutes sont fréquentes, brutales, et provoquent même un léger mal de mer – sans casque VR, s’il vous plaît. Le motion sickness sans VR, fallait oser. Côté gameplay, on navigue dans du FPS assez classique, avec des armes à feu qui feraient passer un pistolet à bouchon pour une arme de guerre. Aucun punch, aucun impact : on a l’impression de tirer avec des paillettes. Les énigmes sont présentes, mais rarement inspirées. Quant à l’inventaire, il rappelle celui des classiques du survival horror, sans la finesse.
Et que dire de la bande-son ? Une petite boucle de piano digne d’une salle de sauvegarde chez Capcom… sauf qu’ici, elle joue même quand un peu n’importe quand. Même en pleine fusillade. Niveau ambiance sonore, entre les gémissements ennemis et les tirs mollassons, on est plus proche d’une chorale de vampires enrhumés que d’une symphonie de l’horreur. Comptez une dizaine d’heures pour terminer l’aventure, à condition de survivre à l’ennui, aux bugs et aux maux de tête. C’est frustrant, car on sent une vraie envie de bien faire, une volonté de rendre hommage au genre. Mais entre les problèmes techniques, l’ergonomie à revoir, et le fun aux abonnés absents, difficile d’y trouver son compte.
En conclusion, Eternal Evil n’est pas un jeu exceptionnel, loin de là. Certes, on peut saluer le travail d’un développeur solo qui a tout donné, mais manette en main, on a surtout mal au crâne. Trop de maladresses, trop d’éléments irritants, et pas assez de plaisir de jeu. Dommage… l’intention était bonne, mais l’exécution fait un peu peur — et pas dans le bon sens du terme.