Test de Hannah – Hannah Belle, la poupée qui tue ?

Hannah est un jeu qui s’ouvre sur une promesse alléchante : une aventure cinématographique sombre et poétique où une fillette, poursuivie par ses propres démons, explore un monde rétro digne d’un rêve fiévreux des années 80. Une ambiance qui crie « chef-d’œuvre potentiel » avant que la caméra fixe ne vous frappe en traître et que votre patience ne soit mise à rude épreuve. Mais reprenons depuis le début…

Trop d’écrans pour nos enfants!!!!

La première chose qui frappe, c’est la direction artistique. Imaginez un mélange de Little Nightmares et d’une VHS oubliée au grenier, avec des décors surréalistes qui oscillent entre le fascinant et le franchement inquiétant. Le monde est torturé, beau et mélancolique, comme un tableau impressionniste après une dispute avec sa palette de couleurs. Malheureusement, dès que l’on regarde de plus près, l’illusion se craquelle : animations rigides, textures datées et cette sensation étrange que le personnage flotte légèrement au-dessus du sol. Un peu comme si Hannah s’était retrouvée coincée dans un glitch artistique.

Des niveaux qui montrent que les développeurs ont besoin de congés

Le gameplay repose sur des mécaniques bien connues : sauter, pousser des caisses, esquiver des monstres, et collecter des cassettes pour reconstituer une poupée (oui, c’est plus glauque que ça en a l’air). En théorie, c’est une formule éprouvée. Mais entre les hitbox capricieuses, une caméra fixe qui donne parfois envie d’envoyer son écran valdinguer et des commandes aussi précises qu’un lancer de fléchettes après trois verres, on bascule vite dans la frustration. Mention spéciale au choix absurde d’utiliser les gâchettes LB et RB pour grimper une corde : une gymnastique digitale dont vos doigts se souviendront longtemps… et pas dans le bon sens.

Pas la trempette!

Hannah n’est pas très agile, ce qui est embêtant pour un jeu qui demande de l’être. Les angles de caméra fixes, bien qu’élégants dans leur mise en scène, trahissent souvent le joueur en cachant un ennemi ou un précipice. Le zoom, proposé en trois niveaux, est une tentative louable de résoudre ce problème, mais il n’éteint pas le feu : vous mourrez souvent, et rarement à cause de vos erreurs.

Si le gameplay vous fait grincer des dents, la bande-son arrive à redonner un peu d’éclat. Les musiques sont bien calibrées, oscillant entre mélancolie et tension oppressante, tandis que les bruitages environnementaux renforcent le malaise. Mais voilà, chaque gémissement ou effort sonore d’Hannah vous rappellera douloureusement que les oreilles aussi peuvent être malmenées dans cette aventure.

La détresse dans le regard

La narration se dévoile majoritairement via l’image, avec très peu de texte. Les souvenirs d’Hannah sont reconstitués au fil des niveaux, et bien que le jeu ne soit pas traduit en français, cela ne gêne pas vraiment : les tableaux parlent d’eux-mêmes. On apprécie cette approche minimaliste et immersive, même si les choix multiples et les fins alternatives laissent un arrière-goût d’inachevé, faute de clarté dans les objectifs.

Hannah est un jeu qui brille par sa direction artistique et son ambiance sonore, mais qui trébuche dès qu’il s’agit de gameplay. Frustrant, imprécis, et parfois mal pensé, il laisse le joueur tiraillé entre l’envie de découvrir son monde étrange et celle d’abandonner face à une caméra qui semble conspirer contre lui. Dommage.