Test de L’Amerzone : Le Testament de l’Explorateur – Le retour d’un grand classique

À la croisée du point & click nostalgique et du documentaire animalier sous stéroïdes (on ne cherche pas des œufs que dans Jurassic Park), L’Amerzone – Le Testament de l’Explorateur revient hanter nos écrans, 25 ans après sa première expédition en terres mystérieuses. Dans ce remake fidèle jusqu’au plumage des Grands Oiseaux Blancs, vous incarnez une jeune journaliste propulsée dans une contrée lointaine au charme désuet mais à l’ambiance unique. Votre mission ? Ramener un œuf. Pas celui de Pâques, non, mais celui qui pourrait sauver une espèce mythique. Et accessoirement vous faire suer sur des énigmes façon 1999.

Des environnements magnifiques par moment

Dès les premières minutes, on comprend que ce remake n’est pas là pour réinventer la roue, ni même la gonfler. Le gameplay, en mode point & click pur jus, reste fidèle à l’original : on clique pour se déplacer, on observe, on combine des objets, et parfois, on tourne en rond en maudissant un tiroir qu’on avait oublié d’ouvrir. Les déplacements automatiques d’un écran à l’autre rappellent l’époque bénie (ou pas) des jeux à la Myst, avec cette ambiance contemplative, presque muséale, qui invite à prendre son temps. Ou à s’endormir, selon votre tolérance à la nostalgie. Chacun ses goûts.

Au nom de la rose, je vais aller faire un tour

Techniquement, c’est mi-figue mi-remake. Les environnements sont parfois superbes, avec quelques effets de lumière bien sentis et un souci du détail évident dans certains décors. Mais les modèles 3D et les textures trahissent les limites du projet : on n’est pas dans du AAA à gros budget. Cela dit, impossible de nier le respect affiché pour le matériau d’origine. Le level design, les angles de caméra, les transitions… tout semble tiré au cordeau pour recréer l’expérience de 1999, avec juste ce qu’il faut de polish moderne pour que ça tourne correctement sur nos machines d’aujourd’hui sans être ridicule face à la concurrence.

Le curseur à l’écran, pour indiquer où on veut aller

Côté ambiance, c’est du solide. La version française est de qualité, avec des doublages convaincants et une bande-son efficace, discrète mais évocatrice. Les bruitages jouent leur rôle sans en faire trop, et l’ensemble participe à cette atmosphère de découverte teintée de mélancolie, propre aux œuvres de Benoît Sokal.

L’univers, justement, reste l’un des gros points forts du jeu. L’Amerzone est un lieu fascinant, à mi-chemin entre l’Amazonie et un rêve de biologiste sous LSD. On y croise des machines étranges, des vestiges de dictature, des animaux bizarroïdes, le tout baignant dans une narration subtile, qui pousse à aller plus loin malgré un rythme parfois lent. Mention spéciale à l’Hydraflot, véhicule amphibie et improbable qui fait office de taxi volant pour baroudeur curieux.

Que serait un jeu d’énigme sans ce genre de lieu

Mais voilà, tout ça ne plaira pas à tout le monde. Le gameplay rigide, les déplacements datés, l’absence de liberté dans les mouvements… autant d’éléments qui risquent de faire fuir les amateurs de sensations modernes. Ceux qui espéraient un remaster sauce walking simulator en seront pour leurs frais. Mais les autres, les puristes, les romantiques du clic, trouveront ici une madeleine de Proust joliment emballée.

En conclusion, L’Amerzone – Le Testament de l’Explorateur est un remake soigneux, respectueux jusqu’à la moelle de l’œuvre originale de Benoît Sokal. Une véritable lettre d’amour au jeu de 1999, qui permet de redécouvrir une aventure culte dans une version remise au goût du jour… mais pas trop. Une belle redécouverte pour les fans, un OVNI un peu poussiéreux pour les autres. À réserver aux curieux, aux nostalgiques, et à ceux qui savent qu’on ne plaisante pas avec un œuf sacré.