Aleksandra est de retour, et elle n’est pas là pour beurrer les tartines. Lost in Random: The Eternal Die nous replonge dans l’univers tordu d’Aléa, là où chaque décision semble dictée par un jet de dé… ou par un développeur fan de dark fantasy. Exit Even et son pote Décisse, place à l’ancienne Reine déchue et à Fortune, son fidèle dé (qui n’est pas qu’un accessoire de JDR mais un vrai copilote de baston). Cette suite prend le risque – plutôt bien maîtrisé – de changer la formule, et ça paye : fini les balades en 3D isométrique ambiance conte gothique, bienvenue dans une version hack and slash burtonienne sauce hasard et castagne.

Premier constat : le jeu troque la caméra à la troisième personne pour une vue du dessus, et mine de rien, ça change tout. Visuellement, on perd un peu de charme – moins de ruelles sinueuses et d’arrière-plans travaillés, plus de salles à nettoyer façon donjon – mais on gagne en lisibilité et surtout en dynamisme. Les combats sont bien plus nerveux que dans le premier opus, avec un système qui mélange action temps réel, stratégie au poil, et un bon vieux lancer de dé pour pimenter le tout. C’est un peu comme si Tim Burton réalisait un spin-off de Hades ou de Diablo, mais avec une trousse de dés et un jeu de cartes.
Le gameplay repose toujours sur un système hybride. On frappe, on esquive, on lance Fortune comme on tenterait un coup de poker, puis on sort les cartes pour activer des compétences ou des armes temporaires. Ce mélange risque/récompense fonctionne étonnamment bien, et les builds possibles sont assez variés pour qu’on ait envie d’expérimenter. Quatre armes principales, des cartes à la pelle (plus de 100 reliques élémentaires, excusez du peu), et même des capacités spéciales à acheter dans le sanctuaire après chaque mort. Car oui, on meurt, mais on revient, comme une mauvaise habitude ou un épisode de Friends.
La progression est clairement structurée : on explore des salles générées aléatoirement, on affronte une trentaine d’ennemis différents, on tombe parfois sur des mini-jeux de hasard aussi généreux que cruels, et on termine en beauté avec l’un des quatre boss, tous bien coriaces et bien mis en scène. La difficulté est juste ce qu’il faut de piquante pour garder l’attention sans provoquer un lancer de manette à travers le salon.
Côté ambiance, le studio a gardé son goût pour les personnages bizarroïdes et les environnements oniriques, mais tout est un peu plus sobre qu’avant. Moins de folie visuelle, mais une direction artistique toujours cohérente. Les doublages (en anglais uniquement) sont très bons, la bande-son colle parfaitement aux affrontements et l’atmosphère en général reste soignée. Et pour les francophiles, la traduction est solide, sans contresens ni tournures étranges – un petit miracle dans ce genre de jeux. Enfin, un mot sur la durée de vie, il faut compter une dizaine d’heures pour finir le jeu et le double à peu près pour tout faire à 100%.
Alors oui, Lost in Random: The Eternal Die n’est pas aussi enchanteur que son prédécesseur dans sa mise en scène, mais il prend une direction nouvelle, plus orientée baston tactique et rejouabilité. Et surtout, il ne se contente pas de refaire la même chose en moins bien. C’est une suite qui tente, qui bouge, qui secoue les dés sans tricher. Lost in Random: The Eternal Die est agréable à jouer et plaira surtout aux fans de jeu d’action/aventure basé sur les combats. Une prise de risque plutôt réussie : comme quoi, parfois, le hasard fait bien les choses.