Quand le courrier part en sucette, il faut bien un héros pour remettre de l’ordre dans les boîtes aux lettres. C’est là qu’intervient Mayhem Mail, un petit jeu de plateforme-action en 2D qui vous met dans la peau d’un facteur bien nerveux, lancé dans une tournée infernale à travers 60 niveaux d’un seul écran chacun. Entre ennemis pixelisés, timing millimétré et mémoire de poisson rouge à combattre, le métier de postier n’a jamais semblé aussi dangereux.
Visuellement, Mayhem Mail fait dans le rétro, mais alors le très rétro. On n’est pas en 1990, on est encore bloqué au début des années 80, avec un pixel art plus proche de Donkey Kong Jr que de Super Mario Bros 3. Les décors sont minimalistes, les sprites parfois à peine lisibles (mention spéciale à ces zigotos sur skate qui pourraient aussi bien être des grille-pains enragés), et les couleurs évoquent davantage un écran mal réglé qu’une fête chromatique. Disons que le jeu ne gagne pas le concours de beauté, mais bon, on lui accordera le charme de l’âge.
Côté gameplay, ça répond au quart de tour : le petit facteur court vite, saute bien (en théorie), et livre avec entrain. Sauf que dans la pratique, les sauts ne sont pas toujours aussi précis qu’espéré. Et vu que le jeu adore vous mettre des ennemis mobiles en plein dans la trajectoire, il faut une concentration d’horloger suisse et des réflexes de ninja pour ne pas finir empalé par un skater-pixel ou un autre danger du quotidien postal. La difficulté est réelle, parfois injuste, souvent rageante. Heureusement, le jeu propose une assistance (comprendre : un petit coup de pouce pour les joueurs qui frôlent la crise de nerfs), mais même avec ça, certaines sections flirtent avec le sadisme.
Et ce n’est pas la musique qui vous aidera à garder votre calme. Le chiptune en boucle aurait sans doute fait fureur sur une Game Boy de 1989, mais aujourd’hui, il donne surtout envie de couper le son dès le troisième niveau. Entre ça et les bruitages minimalistes, on est loin d’un habillage sonore engageant. Dommage, car une ambiance un peu plus travaillée aurait pu compenser la rudesse du gameplay.
Mais la vraie originalité du titre réside dans son petit twist façon mémo-jeu : chaque lettre que vous ramassez a une couleur, et il faut la déposer dans la boîte correspondante. Facile ? Oui, sauf quand vous en transportez quatre en pleine cavalcade, que des ennemis vous foncent dessus, et que vous devez en plus vous souvenir quelle couleur va où. Se tromper deux fois, c’est toléré. Trois fois ? C’est retour à la case départ, et les couleurs sont redistribuées. Autant dire que votre mémoire sera aussi sollicitée que vos pouces.
Au final, Mayhem Mail a de bonnes intentions et un certain charme rétro, mais il s’adresse clairement à une niche : celle des amateurs de plateforme à l’ancienne, qui aiment transpirer sur des sauts hasardeux et pester contre des ennemis injustes. Si vous cherchez un jeu accessible, fluide et agréable à l’œil (et à l’oreille), passez votre tour. Pour les autres, courage : le courrier n’attend pas.
En bref, Mayhem Mail est un jeu à réserver aux fans de plateforme-action à l’ancienne et qui aiment le challenge, parce que sinon, globalement, c’est assez moyennasse.