Prenez un vélo, ajoutez une cargaison de journaux et un brin de vandalisme assumé, secouez le tout dans un shaker d’inspiration arcade rétro… et vous obtenez Paper Bad (ou Mauvais Papier en VF, mais le nom anglais a le mérite d’être honnête dès le départ). L’idée de base ? Balancer des journaux à tout-va pour provoquer un joyeux chaos. Sur le papier (sans mauvais jeu de mots), c’est fun, décalé, bourré de promesses. En pratique ? C’est surtout redondant, creux, et aussi inspiré qu’un vieux prospectus dans une boîte aux lettres vide.

Le jeu vous propulse donc à vélo (ou d’autres véhicules à débloquer comme un kart par exemple) dans des quartiers qui se ressemblent tous, avec un seul objectif : viser tout ce qui dépasse avec vos journaux. Fenêtres, passants, bagnoles, chiens, clowns, tout y passe. Enfin, « tout »… Façon de parler : les environnements sont tellement génériques et figés qu’on croirait traverser un PowerPoint interactif. Le gameplay ? Le stick gauche pour viser, la gâchette RT pour balancer les journaux, et c’est tout. Votre vélo avance tout seul, comme si même lui avait compris qu’il n’y avait pas grand-chose à faire ici.
Chaque monde comprend une poignée de niveaux (environ 5 par zone), un niveau bonus façon stand de tir de fête foraine, et un niveau “boss” où des gugusses vous courent après en hurlant (ou quelque chose comme ça). Le tout se boucle en 200 mètres chrono, le temps de lancer une poignée de projectiles et de se dire “c’est tout ?”. Oui, c’est tout. Et c’est le même refrain pendant la demi-douzaine de mondes du jeu. Rien ne change, si ce n’est votre seuil de tolérance à la redondance. Après, cela a le mérite d’être défoulant sur une petite session. Mais vite fait.
Côté contenu, on nous vend une tonne de bonus et de personnalisations : journaux explosifs, ballons d’eau, bananes, livreurs à débloquer, skins loufoques… mais tout cela tient plus du gadget cosmétique que d’une vraie évolution de gameplay. Quant aux améliorations (vitesse de lancer ou de vélo), elles sont à acheter avec une monnaie in-game, dans une logique qui rappelle fortement les jeux mobiles F2P… sauf qu’ici, ce n’est pas un free-to-play.
Et puis il y a cette musique. Une boucle sonore qui tourne en rond plus vite que votre cycliste possédé. Au bout de deux niveaux, elle devient une véritable épreuve mentale. On a l’impression que le compositeur a enfermé trois samples dans une boîte en carton et les a secoués en espérant que ça fasse une bande-son.
En résumé, Paper Bad a bien un concept rigolo au départ, mais il l’étire jusqu’à l’épuisement comme un chewing-gum collé sur le trottoir. Le gameplay est plat, la progression sans intérêt, la direction artistique fade et l’humour tombe à plat. Même la destruction, pourtant censée être le cœur du jeu, manque de punch et de variété. Paper Bad est un jeu redondant, pas très fun, et surtout inutile sur consoles. Sauf si vous aimez jouer sans réfléchir en laissant le doigt appuyé sur la gâchette.