Il y a des jeux qui vous demandent de tirer sur tout ce qui bouge, de sauver le monde d’une apocalypse imminente ou de vaincre le Mal avec un grand M. Preserve, lui, vous demande… de planter des arbres, d’arroser la pelouse, de cajoler un verrat et de prier pour que tout ce petit monde vive en paix. Pas de stress, pas de chrono, juste vous, des hexagones, et Mère Nature qui vous regarde avec bienveillance (sauf si vous collez un cactus sur une flaque d’eau, là elle vous juge).
Le concept est simple à expliquer mais plus subtil à maîtriser : vous placez des éléments naturels – arbres, rochers, rivières – sur une carte composée de tuiles hexagonales. Une fois l’environnement adéquat créé, vous y ajoutez des animaux. Chaque espèce a ses préférences, et il ne suffit pas de balancer trois fouines dans une savane pour marquer des points : ici, tout repose sur l’équilibre et l’harmonie. Oui, Preserve, c’est un peu comme un sudoku de la biodiversité.
Chaque action bien pensée vous rapporte des points d’harmonie, et atteindre certains paliers permet de débloquer de nouvelles cartes et d’agrandir votre terrain de jeu. Mais attention, créer un habitat XXL n’est pas forcément payant : un biome trop vaste risque d’être sous-exploité. La clef, c’est la diversité. Trois animaux identiques dans un même habitat ? Bonus. Trois espèces différentes ? Encore mieux. Un diplodocus dans une lagune ? Ah non, là c’est non.
Preserve a la bonne idée d’intégrer un développement vertical. Empilez les éléments, jouez avec l’altitude, faites fleurir la vie à tous les étages. Il y a même un biome « Jurassic », et faire revivre des dinos dans un écosystème équilibré, enfin, à condition de ne pas tout faire péter à coups de geysers mal placés, c’est le pied. J’ai dépensé sans compter. Dommage, pas de tyrannosaure dans la forêt tropicale pour l’instant. On repassera pour Jurassic Park: Zen Edition.
Trois modes sont disponibles : Classique (objectif : harmonie maximale), Puzzle (défis avec ressources limitées), et Créatif (mode bac à sable no limit, votre jardin d’Eden perso). Mention spéciale au mode Puzzle, étonnamment retors : chaque carte compte, et certaines contraintes environnementales rendent la partie corsée. Un mode excellent pour affûter votre sens de la symbiose… ou pour hurler sur votre écran quand une foutue fissure volcanique ruine tout votre plan.
Le jeu est aussi un vrai plaisir visuel : les biomes sont superbes, les effets météo ajoutent une touche d’authenticité, et les animations (bien que discrètes) sont charmantes. On peut même immortaliser ses œuvres via un mode photo complet : flouter l’arrière-plan, ajuster l’heure de la journée, ajouter des filtres… il ne manque plus que les likes et les hashtags. #VerratVibes.
Alors oui, Preserve ne vous fera pas frissonner d’adrénaline, ni vibrer d’émotion. Ce n’est pas le genre de jeu qui me passionne, personnellement. Mais je dois bien l’admettre : cette ode à la biodiversité est une réussite. Son gameplay malin, sa direction artistique apaisante et sa zenitude assumée en font une expérience à part, aussi rafraîchissante qu’une averse d’été sur une savane en pleine expansion. Une très bonne surprise qui prouve que parfois, pour s’évader, il suffit de planter un arbre.