Imaginez Rocket League, mais sans voiture. Et sans boost. Et sans la sensation grisante de tout exploser à 300 km/h. Voilà, maintenant ajoutez des avatars humanoïdes qui dribblent, taclent et enchaînent les pirouettes acrobatiques dans une arène qui fait plus penser à un terrain de handball à ciel ouvert qu’à un vrai stade de foot. Bienvenue dans Rematch, le jeu qui ambitionne de réinventer le football… en ligne, en équipe, et avec un sérieux goût d’arcade sous les crampons.

Dans l’idée, Rematch a de quoi intriguer : on contrôle directement un joueur, avec une caméra dynamique à l’épaule façon TPS, et on part dans des matchs 3v3 à 5v5 où le tacle est roi, les hors-jeu ont été bannis à vie, et les gardiens peuvent traverser le terrain pour claquer une lucarne. Tout est pensé pour l’action pure, sans temps mort, ni arbitrage, ni règles trop contraignantes. Une approche qui rappelle le joyeux chaos de FIFA Street, mais en plus bordélique encore. Et sans licence officielle.
Problème : sous ses airs de foot de rue sous Red Bull, Rematch fait vite déchanter. Le gameplay se veut exigeant, basé sur la maîtrise pure, mais se heurte à un manque flagrant de précision. Les dribbles sont peu lisibles, les passes parfois aléatoires, et les tirs manquent de précisions. Et surtout, les collisions sont aux fraises : il n’est pas rare de voir un ballon traverser un joueur ou un gardien arrêter un tir… depuis l’intérieur de sa propre cage. Oui, ça pique.
Les contrôles souffrent aussi d’un mapping mal fichu, surtout si vous êtes comme moi un vétéran de PES ou FIFA, et la courbe d’apprentissage est raide. Mais pas dans le bon sens : ici, on ne parle pas de “skills à développer”, mais d’un gameplay bancal qui donne l’impression de se battre contre le jeu lui-même. Et ne comptez pas sur un mode solo pour vous entraîner ou vous défouler contre des bots : Rematch est uniquement jouable en ligne, avec d’autres humains plus ou moins coopératifs. Spoiler : souvent moins.
Côté ambiance, ce n’est pas la fête non plus. Certes, le cel-shading coloré a un certain charme, et quelques arènes comme la jungle ou la version urbaine font un effort de style. Mais les personnages manquent cruellement de personnalité (on a l’impression de voir des clones sous stéroïdes) et les animations sont raides comme un tacle à la gorge. La bande-son est quelconque, les célébrations sont lentes pour nous laisser le temps de les choisir, et la caméra semble avoir été piquée à FIFA 10… mais en moins précise, et pourtant il y a pas mal d’arrangements depuis le temps côté EA Sports.
Mais alors, Rematch, est-ce qu’il y a du plaisir à gratter ? Oui… un peu, si on trouve son bonheur. Avec des amis et une bonne dose de second degré, les matchs peuvent devenir des joyeux bousillages de règles et de gardiens cascadeurs. On rigole, on râle, on marque en glissant sur un tacle mal calculé. Le genre de délire de soirée qui fonctionne mais qui dépendra aussi des adversaires ou des coéquipiers randoms. Et là, ce n’est plus forcément le même délire.
Et on arrive au plus gros souci de Rematch : le manque de contenu. Pas de solo, pas de bots, pas d’événements majeurs, et un gameplay qui, même s’il a des idées, n’a pas encore la structure pour les faire briller. Et même si le jeu est actuellement dans le Game Pass, on s’inquiète déjà de la survie de ses serveurs dans quelques mois, tant le soufflé retombe vite et que le jeu est payant. S’il sort un jour du Game Pass, sachant que le jeu n’est pas jouable en crossplay, je doute de la viabilité sur le long terme.
En conclusion, Rematch ressemble pas mal à Rocket League sans les voitures. Le concept a du potentiel, c’est indéniable, mais l’exécution manque de finition, d’équilibrage, et surtout de contenu pour durer. Si le studio parvient à corriger les bugs, peaufiner la jouabilité, enrichir le contenu et, pourquoi pas, passer en free-to-play, il y a peut-être une belle revanche à prendre. Pour l’instant, c’est surtout un match nul avec pas mal d’occasions loupées.