Selfloss est un jeu d’aventure émouvant qui plonge le joueur dans un monde fantastique imprégné de mythes slaves et de cultes des baleines. On y incarne Kazimir, un vieux guérisseur, qui entreprend un voyage épique, en bateau et à pied, pour retrouver un rituel capable de guérir son âme blessée. Au cours de cette aventure, Kazimir utilise son bâton magique pour se battre contre une étrange maladie appelée le miasme et résoudre divers casse-têtes, tout en apportant réconfort aux habitants qu’il rencontre.
Ce qui fait le charme principal de Selfloss, c’est sa mécanique de gameplay centrée sur le bâton de Kazimir. Celui-ci sert à la fois d’arme et d’outil polyvalent, permettant d’éliminer les ennemis et de résoudre des énigmes. Utiliser la lumière de ce bâton pour ouvrir des portes, détruire les matières visqueuses, ou même prendre l’essence des êtres vivants est une expérience enrichissante qui donne une vraie identité au jeu. J’ai particulièrement apprécié la variété des usages possibles de cette lumière, qui s’adapte en fonction des situations et donne un côté presque mystique aux interactions avec le monde.
Le rythme du jeu est relativement lent, mais ce calme fait tout le charme de Selfloss. Que ce soit à pied ou en barque, Kazimir progresse paisiblement, comme pour mieux ressentir le poids des histoires de souffrance qu’il croise sur son chemin. L’aventure est ainsi ponctuée de moments de contemplation, où l’on se sent véritablement immergé dans l’univers mélancolique du jeu. Cette lenteur peut déplaire à certains, mais elle m’a permis de m’impliquer émotionnellement, chaque geste de guérison prenant tout son sens dans ce cadre où le temps semble suspendu.
Visuellement, la direction artistique est remarquable. Selfloss parvient à capturer la beauté d’un monde empreint de magie et de mélancolie à travers des décors d’une grande finesse, parfois même féeriques. Chaque environnement visité est un tableau en soi, qui donne envie de s’arrêter pour simplement admirer la vue. On retrouve une véritable identité visuelle qui puise dans les légendes slaves, ce qui contribue grandement à l’atmosphère unique du jeu. Les couleurs, les effets de lumière, tout semble avoir été pensé pour transmettre une émotion de beauté empreinte de tristesse.
Le gameplay, en revanche, m’a semblé un peu rigide par moments. La caméra fixe rend parfois la navigation imprécise, et il m’est arrivé de ne pas bien voir où je devais aller. Cela n’a cependant pas trop entravé mon plaisir, car l’action reste relativement limitée. Selfloss n’est pas un jeu d’adresse ou de rapidité, et la patience demandée est en accord avec son ambiance calme et méditative. Les quelques obstacles rencontrés restent donc surmontables et n’affectent pas significativement l’expérience globale.
Mention spéciale à la bande son qui accompagne l’aventure à merveille. Les musiques sont apaisantes, mélancoliques, et parfaitement en phase avec l’esprit du jeu. Les bruitages, eux, renforcent l’immersion en soulignant chaque action ou événement avec justesse. L’ensemble sonore contribue à l’aspect introspectif de Selfloss, rendant chaque étape du périple encore plus marquante. J’ai trouvé que la musique et les bruitages faisaient écho aux thèmes abordés, notamment la guérison et la douleur, avec une élégance et une sensibilité notables.
Enfin, l’histoire se dévoile petit à petit, de manière subtile, à travers des images et des rencontres touchantes. Ce n’est pas une narration qui vous prend par la main, mais plutôt un récit qui se laisse découvrir au fil des moments vécus. Les mythes et légendes slaves, évoqués à travers les différents personnages et lieux, sont abordés avec beaucoup de poésie. Le thème de la perte, de la douleur des âmes en peine, est traité avec une grande sensibilité, rendant cette aventure profondément émotive.
Selfloss est un jeu très agréable à découvrir, qui brille par sa magnifique direction artistique et par son thème touchant. C’est une expérience introspective qui, malgré quelques petites imperfections techniques, saura toucher les joueurs à la recherche d’une aventure calme, poétique, et profondément humaine.