Prenez un monde musical qui s’effrite, un violoniste ressuscité, et une mission épique pour rassembler un orchestre perdu. Vous obtenez Symphonia, un jeu de plateforme poétique où chaque note compte. Armé de votre violon et de votre archet, vous allez sauter, virevolter, et résoudre des puzzles dans un monde qui mélange poésie et hardcore gaming. Et oui, il faudra parfois jouer avec vos nerfs pour ne pas jeter la manette.
Dès les premières minutes, Symphonia charme par sa direction artistique à couper le souffle. Les cinématiques dessinées à la main sont dignes d’un tableau de maître, et l’histoire, sans un mot ou presque, vous embarque immédiatement. C’est un jeu qui prouve qu’on peut raconter une grande épopée sans dialogues interminables ni PNJ bavards. L’ambiance orchestrale fait le reste : chaque région de Symphonia résonne d’une personnalité unique, de ses décors jusqu’à ses musiques inspirées du romantisme. On pourrait croire que Chopin lui-même a donné un coup de main au compositeur.
Côté gameplay, on navigue entre la fluidité d’un Ori et le plaisir ludique d’un Rayman Legends. Les mécaniques de déplacement avec le violon, qui sert autant à jouer qu’à se catapulter, sont un vrai régal. Mais attention, ici, pas question de jouer les touristes. Certains niveaux demandent une précision chirurgicale et une patience d’acier, avec un die-and-retry qui n’a rien à envier à Celeste.
Le level design est une autre partition bien exécutée. Chaque zone est une véritable œuvre d’orfèvre, où tout s’imbrique à la perfection. Pas besoin de chercher longtemps pour ramasser les collectibles : ils sont intégrés naturellement au jeu. En prime, ils servent à quelque chose ! Ces fragments de mémoire débloquent des compétences comme le double saut, indispensables pour progresser. C’est gratifiant, et ça évite la frustration d’objets inutiles qui prennent la poussière dans l’inventaire.
Symphonia se distingue aussi par sa créativité. Chaque région a son petit gadget musical qui la rend mémorable : portails en forme de trompette, puzzles basés sur les saisons ou murs qui menacent de vous écraser. On sent que les développeurs se sont amusés à exploiter leur thème à fond, et ça se ressent dans chaque détail. Mention spéciale pour le hub central, qui relie toutes les zones comme une salle de concert où chaque porte est une nouvelle mélodie à découvrir.
Mais tout n’est pas rose dans ce monde mélodique. Avec une durée de vie de 3 à 4 heures, Symphonia peut sembler court. Mais ne vous laissez pas berner : il faudra souvent recommencer les passages les plus corsés avant de pouvoir savourer la fin. La difficulté risque d’en décourager certains, surtout les plus jeunes, mais pour les amateurs de défis, c’est un vrai plaisir maso.
Symphonia est une véritable petite pépite qui marie poésie visuelle, gameplay soigné et level design inventif. Ses inspirations Rayman Legends et Ori sont évidentes, mais il s’en démarque par son identité musicale et son charme unique. Certes, il faut aimer souffrir un peu pour savourer cette symphonie à sa juste valeur, mais le jeu en vaut la chandelle. Une bonne surprise dans le monde des plateformes, à condition d’avoir un bon sens du rythme… et des nerfs solides.