Test de Little Nightmares III – Un cauchemar à partager

Après Little Nightmares en 2017, et Little Nightmares 2 en 2021, il était évident qu’un troisième épisode allait débarquer vu la qualité de la saga. Dans ce nouvel opus, on incarne Low et Alone, deux enfants liés par une amitié née au cœur d’un cauchemar bien réel. Armés d’un arc et d’une clé à molette, ils devront unir leurs talents pour traverser le sinistre Nulle-Part, un monde déformé peuplé de créatures monstrueuses. En coopération ou en solo, on devra résoudre des énigmes, se faufiler dans l’ombre et affronter nos peurs

Little Nightmares III est le premier épisode de la série à ne pas être développé par Tarsier Studios. Cette fois, c’est Supermassive Games qui prend les commandes. Et forcément, la question qui brûle les lèvres est simple : ce troisième chapitre sera-t-il à la hauteur de ses prédécesseurs ? Le studio britannique n’est pas étranger à l’horreur — il suffit de jeter un œil à The Dark Pictures Anthology pour s’en convaincre — mais son approche est bien différente de l’univers si particulier de Little Nightmares.

La grande nouveauté de cet opus, c’est la possibilité de jouer à deux en coopération en ligne. Pas d’inquiétude pour les adeptes du solo : vous pouvez aussi vivre l’aventure seul, l’IA prenant alors le contrôle du second personnage. Mais soyons clairs, le jeu a été pensé avant tout pour être vécu à deux. Lors de ma preview de deux heures le mois dernier, j’avais testé le mode coop et j’avais été conquis. Pour le test final, j’ai volontairement joué en solo pour voir si l’expérience tenait la route sans partenaire humain. Spoiler : oui, et plutôt très bien. L’IA fait son boulot correctement, sans provoquer de crises de nerfs. Cela dit, je compte bien refaire le jeu en coopération, car résoudre les énigmes ou trouver la bonne approche à deux, ça reste nettement plus savoureux.

Dans les deux cas, l’identité de la série est parfaitement préservée, tout en profitant d’une petite bouffée d’air frais grâce à la dimension coopérative. Techniquement, Little Nightmares III est très solide : les décors sont finement travaillés, souvent magnifiques dans leur noirceur, et l’arrière-plan fourmille d’animations qui donnent vie à ce cauchemar éveillé. Si, comme moi, vous aviez peur que le changement de studio dilue l’âme de la licence, soyez rassurés : Supermassive a repris le flambeau avec respect et talent. On retrouve ce savant mélange d’inquiétude et de fascination qui colle si bien à la série. Le niveau de la fête foraine, déjà aperçu dans la démo, en est une démonstration parfaite. Le jeu propose un mode Performance et un mode Qualité, et je vous conseille fortement le premier pour un résultat très proche graphiquement mais avec un confort de jeu en 60 FPS au lieu de 30.

Le décor oscille toujours entre le sinistre et l’étrangement chaleureux, ce contraste si typique de la licence où des enfants fragiles se retrouvent plongés dans un monde prêt à les croquer tout crus. Quelques jump scares viennent ponctuer l’aventure sans jamais verser dans le gore gratuit. Et cette sensation, lorsqu’on rampe lentement derrière une créature absorbée par une activité… disons… glauque, en priant pour ne pas se faire repérer. Elle est toujours aussi efficace.

La progression est très bien rythmée : comptez entre 7 et 8 heures de jeu pour boucler l’aventure. Le jeu ne souffre ni de longueurs ni de pics de difficulté absurdes qui viendraient gâcher l’expérience en duo. L’équilibre entre énigmes et infiltration est maîtrisé, et surtout, aucun joueur ne peut se contenter de suivre l’autre : la coopération est véritablement au cœur de la progression.

Côté gameplay, pas d’illusions à se faire : les armes ne transforment pas le jeu en beat’em up miniature. La fuite reste la meilleure option dans la majorité des cas. Lorsque le combat s’impose, il demande sang-froid et coordination. Dans une séquence marquante, Low devait tirer sur des têtes de poupées pendant qu’Alone les achevait à la clé à molette. Un joueur attire l’ennemi, l’autre vise… et il faut s’adapter vite si on ne veut pas finir en amuse-bouche. C’est une excellente illustration de l’importance de la communication en coop. Sinon, pas grand chose à signaler, si vous avez connu l’épisode 2, vous retrouverez vos sensations, avec parfois encore quelques sauts qui manquent de précision, la faute à une gestion de la profondeur par toujours facile à appréhender.

La bande-son est à la hauteur : les bruitages sont précis et immersifs, et la musique soutient parfaitement l’ambiance, qu’elle soit oppressante ou rythmée. Enfin, bonne nouvelle : un Friend Pass gratuit est inclus, à la manière de Split Fiction ou Lego Voyagers. Vous pouvez donc inviter un ami à vous rejoindre même s’il ne possède pas le jeu. Une décision logique et surtout très maligne, car la véritable force de Little Nightmares III réside dans sa coopération à deux. Mais encore une fois, si vous préférez jouer seul, vous ne serez pas en reste : l’aventure reste excellente en solo. A part une fois où l’IA ne voulait pas faire une action nécessaire à la progression, ce qui m’a obligé à relancer le dernier checkpoint, je n’ai pas rencontré de bugs de progression.

Au final, Little Nightmares III est une suite solide qui ne se contente pas de recycler la formule : elle l’enrichit intelligemment avec la coopération, tout en préservant ce mélange unique de poésie macabre et de gameplay tendu. L’ambiance est magistrale, la technique irréprochable, et l’expérience, qu’on soit seul ou accompagné, reste marquante. La trilogie s’impose désormais comme une référence incontournable du jeu de plateformes/réflexion horrifique, capable de vous raconter une histoire sombre sans dire un mot… et de vous laisser quelques frissons une fois la console éteinte.